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MERLIN L’ENCHANTEUR

l’emporta vers la haute mer. Et personne ne la vit plus avant Nascien.


XXXII


« Or, tandis qu’il s’émerveillait à regarder sur la nef de Salomon le lit, les fuseaux et l’épée, un grand vent s’était levé, qui devint tôt une tempête félonne et cruelle, si bien que la nef se trouva emportée à toute vitesse au milieu de la mer furieuse. La tourmente dura huit jours, durant lesquels Nascien ne vit terre de près ni de loin et pensa que le navire allait chavirer sens dessus dessous ; pourtant il ne cessa d’adorer Dieu, de manière qu’il ne sentit ni la faim ni la soif. Le neuvième, la mer redevint coite et paisible, et Nascien s’endormit. Il crut voir en songe un homme vêtu de rouge, qui l’appelait :

« — Nascien, sache que jamais tu ne reviendras plus en ton pays et que tu resteras, et tes enfants après toi, dans la terre d’Occident où tu vas. Quand trois cents ans se seront écoulés, le dernier homme de ton lignage remontera dans la nef de ton ancêtre Salomon pour rapporter à Sarras le saint vase qu’on appelle le Graal. Et ce sera le neuvième de