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MERLIN ET VIVIANE

la forêt de Broceliande auprès de Viviane, sa mie.

Quand elle le vit, elle fit paraître une grande joie, et lui, il l’aimait si durement que pour un peu plus il serait devenu fou.

— Beau doux ami, lui dit-elle, ne m’enseignerez-vous pas quelques nouveaux jeux, et comment, par exemple, je pourrais faire dormir un homme aussi longtemps que je voudrais sans qu’il s’éveillât ?

Il lui demanda pourquoi elle voulait avoir cette science ; mais, hélas ! il connaissait bien toute sa pensée.

— Parce que, toutes les fois que vous viendriez, je pourrais endormir mon père Dyonas et ma mère, car ils me tueraient s’ils s’apercevaient jamais de nos affaires. Et, de la sorte, je vous ferais entrer dans ma chambre.

Bien souvent, durant les sept jours qu’il passa avec elle, la pucelle lui renouvela cette demande. Une fois qu’ils se trouvaient tous deux dans le verger nommé Repaire de liesse, auprès de la fontaine, elle lui prit la tête en son giron et, quand elle le vit plus amoureux que jamais :

— Au moins, dit-elle, apprenez-moi à endormir une dame.

Il savait bien son arrière-pensée ; pourtant il lui enseigna ce qu’elle désirait, car ainsi le voulait Notre Sire. Et beaucoup d’autres choses