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MERLIN L’ENCHANTEUR

encore : trois mots, par exemple, qu’elle prit en écrit, et qui avaient cette vertu que nul homme ne la pouvait posséder charnellement lorsqu’elle les portait sur elle ; par là se munissait-elle contre Merlin, car la femme est plus rusée que diable. Et il ne pouvait s’empêcher de lui céder toujours.

Enfin, après une semaine, il la quitta tristement pour aller ou, il devait être, et ce fut dans la forêt de l’Épinaie aux environs de Logres.

Là, il prit l’apparence d’un vieillard tout croulant d’âge, monté sur un palefroi blanc, vêtu d’une robe noire et coiffé d’une couronne de fleurs, dont la barbe était si longue qu’elle faisait trois fois le tour de sa ceinture ; et ainsi fait, il se porta au-devant de Gauvain qui chassait dans la forêt.

— Gauvain, Gauvain, lui dit-il, si tu m’en croyais, tu ferais trêve aux cerfs et aux daims, car il vaudrait mieux pour ton honneur faire guerre aux hommes dans la forêt de Sarpenie.

Là-dessus, il s’éloigna si rapidement qu’on n’aurait pu avoir seulement l’idée de le suivre. Mais à présent le conte se tait de lui et en vient à parler du roi Lot d’Orcanie.