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MERLIN L’ENCHANTEUR

le roi, car certes je ne t’ai jamais rien fait qui mérite la mort. Je m’appelle le roi Lot d’Orcanie, à qui il n’arrive plus que malheurs depuis longtemps.

— Et moi, je suis Gauvain, le neveu du roi Artus.

En entendant le nom de son fils, le roi Lot se remit sur pieds et s’avança pour l’embrasser :

— Beau fils, je suis le dolent, le captif, votre père que vous avez abattu.

— Reculez ! répondit Gauvain. Vous ne serez mon père et mon bon ami qu’après avoir crié grâce à notre seigneur le roi Artus et lui avoir rendu hommage.

À ces mots, le roi Lot tomba en pâmoison, et quand il revint à lui :

— Beau fils, dit-il tristement, je ferai ce qu’il vous plaira. Prenez mon épée ; je vous la rends.

Gauvain la prit, non sans verser des larmes sous son heaume, car il avait pitié de son père et se repentait de l’avoir blessé, mais il gardait de le laisser voir. Et, après avoir demandé congé à Guenièvre, il se remit en route vers Logres, suivi de son prisonnier et des autres chevaliers qui s’étaient rendus à lui en même temps que leur seigneur.