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LE ROI LOT OUTRÉ

laient et se pensaient déjà captives, lorsqu’elles virent sortir de la forêt un chevalier tout armé, qui s’arrêta devant Guenièvre et, après l’avoir saluée, lui demanda qui elle était.

— Beau sire, répondit-elle, je suis la fille du roi Léodagan, et ce prud’homme et moi, nous sommes en grand danger.

Mais au seul nom de la pucelle, le chevalier avait croisé sa lance sans mot dire, et déjà il se précipitait au secours de Guyomar et de ses gens. D’abord il renverse deux chevaliers ; mais son destrier était fatigué par une longue course qu’il venait de fournir : aussi, quand le roi Lot vint l’attaquer, le cheval plia sur les jarrets et chut en entraînant son cavalier. L’étranger se relève vivement et tire son épée, qui était plus étincelante qu’une escarboucle. Lot, ayant épuisé son élan, fait tourner sa monture et revient sur lui au galop ; mais le chevalier l’évite et au passage, d’un coup, il fend le ventre du cheval, qui s’abat lourdement : le roi tombe si malheureusement qu’il demeure étendu sans plus savoir s’il fait nuit ou jour. D’un bond l’inconnu saute sur lui, il lui arrache son heaume avec tant de rudesse qu’il le blesse au nez et aux sourcils, puis il lui abaisse la coiffe du haubert sur les épaules, et lui crie qu’il est mort s’il ne s’avoue prisonnier.

— Ah ! gentilhomme, ne me tue pas, s’écrie