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LA GUERRE AUX SAINES

Mais les Saines se rassemblèrent au son de leurs cornes et de leurs buccines. C’est alors que Gauvain tua le roi Ysore et lui prit son cheval, le Gringalet, ainsi nommé pour sa grande bonté : car il pouvait courir dix lieues sans que son flanc battît ou qu’il eût un seul poil mouillé à la croupe ou à l’épaule. Mais le roi Ban, le roi Bohor, le roi Nantre, le roi des Cent Chevaliers, le duc Escan de Cambenic, et Artus en l’honneur du baiser de Guenièvre, et tous les princes firent merveilles.

L’armée chrétienne victorieuse s’occupa de relever ses morts et ses blessés qui gisaient parmi le champ comme brebis égorgés ; puis, à la nuit, bien restaurée, elle se remit en marche. Lorsqu’elle fut tout proche de Clarence, Merlin réunit en parlement les princes rebelles.

— Beaux seigneurs, leur dit-il, le jour est venu de tout perdre ou de tout gagner. Il vous est grand besoin de prier Dieu qu’il défende le royaume de Logres de honte et méchéance, car, si Notre Sire n’y met conseil, la terre de Bretagne sera aujourd’hui détruite. Et je vous fais savoir que la défaite ne pourra être évitée, si vous ne faites votre paix avec le roi Artus.

Il y eut beaucoup de barons à qui ces paroles ne plurent guère et il ne pouvait en être autrement ; néanmoins tous vinrent rendre hommage au roi, l’un après l’autre, et reçurent de lui leurs fiefs.