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MERLIN L’ENCHANTEUR

« Faunus s’étendit ; mais Diane fit retomber la pierre qui fermait le tombeau et par un pertuis elle versa du plomb fondu en telle quantité que le corps de son ami fut consumé en peu de temps.

« Alors elle vint à Félix à qui elle conta comment elle s’était délivrée de celui qu’il craignait.

« — Mauvaise, qui vous pourrait aimer quand chacun vous devrait haïr ? s’écria-t-il.

« Et la prenant par ses tresses, il lui coupa la tête.

« C’est depuis ce temps qu’on nomme ce lac : le lac de Diane. »

— Mais, demanda Viviane, qu’est devenu le manoir qu’elle y avait fait bâtir ?

— Le père de Faunus le détruisit sitôt qu’il connut la mort de son fils.

— Il fit mal, car jamais l’on ne vit plus beaux lieux. Merlin, doux ami, pour l’amour de moi, je vous prie de m’en faire bâtir un qui soit aussi bel et riche qu’il y en eut jamais.

Elle n’avait pas achevé que déjà maçons et charpentiers travaillaient, et au bout d’un instant un château s’élevait à la place du lac, tellement magnifique qu’il n’en est point de pareil en toute la Petite Bretagne.

— Demoiselle, dit Merlin, voici votre manoir. Jamais personne ne le verra qui ne soit de votre maison, car il est invisible pour tout autre ; et