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LA TABLE RONDE

— Je veux, dit le roi Artus, que Notre Sire ne perde rien par ma faute.

Il n’avait pas achevé ces mots que parut tout soudain au milieu de la salle une table ronde autour de laquelle se trouvaient cent cinquante sièges de bois. Et sur beaucoup d’entre eux on lisait, en lettres d’or : Ici doit seoir Un Tel ; pourtant, sur celui qui se trouvait en face du fauteuil du roi, nul nom n’était inscrit.

— Seigneurs, dit Merlin, voyez-ci les noms de ceux que Dieu a choisis pour siéger à la Table ronde et pour se mettre en quête du Graal quand le temps sera venu.

Alors le roi et les chevaliers désignés de la sorte vinrent prendre place, en veillant à laisser libre le siège périlleux : et c’étaient messire Gauvain avec les damoiseaux qui avaient défendu le royaume durant l’absence du roi, et les trente-neuf compagnons qui étaient allés en Carmélide. Aussitôt assis, ils se sentirent pleins de douceur et d’amitié.

— Beaux seigneurs, reprit Merlin, lorsque vous entendrez parler d’un bon chevalier, vous ferez tant que vous l’amènerez à cette cour où, s’il témoigne qu’il est preux et bien éprouvé, vous le recevrez parmi vous : car il est dit que le nombre des compagnons de la Table ronde s’élèvera à cent cinquante devant que la quête du Saint Graal soit entreprise. Mais il vous faudra le bien choisir : un seul mauvais homme honni-