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MERLIN L’ENCHANTEUR

rait toute la compagnie. Et gardez que nul de vous ne s’asseye au siège périlleux, car il lui en adviendrait grand mal.

Messire Gauvain, après avoir consulté ses compagnons, parla ainsi :

— De par les chevaliers de la Table ronde, dit-il, je fais vœu que jamais pucelle ou dame ne viendra en cette cour pour chercher secours qui puisse être donné par un seul chevalier, sans le trouver. Et jamais un homme ne viendra nous demander aide contre un chevalier sans l’obtenir. Et s’il arrivait que l’un de nous disparût, tour à tour ses compagnons se mettraient à sa recherche ; et chaque quête durerait un an et un jour.

Le roi fit apporter les meilleures reliques qu’on put trouver et tous les compagnons de la Table ronde jurèrent sur les saints de tenir le serment qu’avait fait en leur nom messire Gauvain. Et la reine dit à celui-ci :

— Beau neveu, je veux, avec la permission de mon seigneur le roi, que quatre clercs demeurent céans, qui n’auront autre chose à faire que de mettre en écrit toutes les aventures de vous et de vos compagnons, afin qu’après notre mort il soit mémoire de vos prouesses.

— Je vous l’octroie, dit le roi. Et je fais vœu que, toutes les fois que je porterai couronne, je ne m’asseoirai point à manger devant qu’une aventure soit advenue à ma cour.