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MERLIN L’ENCHANTEUR


LII


Un jour qu’ils traversaient une grande lande, ils virent venir à eux un chevalier monté sur un destrier pie, qui, du plus loin qu’il les aperçut, s’écria :

— Ha ! soyez la bienvenue, mademoiselle, ma mie ! Enfin j’ai trouvé ce que je cherche depuis toujours !

— Sire, répondit le nain tout doucement, ne soyez pas si pressé ; vous n’avez pas encore cette demoiselle en votre pouvoir.

— Je l’aime comme si je la tenais déjà, et je la tiendrai sous peu.

En voyant le chevalier approcher, le nain met lance sur feutre, disparaît derrière son écu de telle façon qu’on ne voyait plus que son œil, pique des éperons par deux trous qu’on avait faits dans sa selle, car ses courtes jambes n’en dépassaient pas les quartiers, et, criant à son adversaire de se garder, vole sur lui de toute la vitesse de son cheval.

— À Dieu ne plaise que je joute contre un tel géant ! s’écrie l’orgueilleux chevalier.

Et sans même croiser sa lance, il oppose dédaigneusement son écu au choc. Mal lui