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MERLIN L’ENCHANTEUR

maintenant au roi Ban dont il s’est tu depuis quelque temps.


III


Quand celui-ci, monté sur son palefroi, parvint au sommet de la colline, le jour était tout à fait clair. Le roi considéra au loin les murs blancs de sa forteresse, et le donjon, et les fossés. Et tout à coup il vit une fumée monter, puis des étincelles jaillir, puis des bâtiments flamber, et le feu voler d’un lieu à l’autre, et une flamme hideuse s’élever vers le ciel rougeoyant et faire luire les marais et les champs alentour.

Ainsi le roi Ban regardait brûler le château qui était tout son réconfort, où il avait mis tout son espoir de recouvrer un jour sa terre. À cette vue, il lui parut que nulle chose dans le siècle ne lui était plus de rien, et il se sentit tout vain et tout brisé. Son fils, petit, ne lui pouvait encore aider. Et sa femme, jeune dame comme elle était, élevée à grand luxe, et de si haute liguée, descendant tout droit du roi David ! Il fallait maintenant que l’enfant et la reine sortissent de France et qu’ils souffrissent douleur et pauvreté, et que lui-même, vieux, besogneux, usât le reste de son âge dans la peine,