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L’HOMME LIGE ET SON SEIGNEUR

il n’est plus laide déloyauté que d’occire son seigneur. Si le suzerain a commis quelque méfait envers son homme, celui-ci doit le citer devant les barons à quarante jours ; et au cas où il ne pourrait le rappeler au droit, alors, qu’il dénonce son hommage, mais publiquement, devant ses pairs, et non pas en secret. Encore n’a-t-il pas pour autant le droit de le tuer, car qui répand le sang de son seigneur est traître et parjure et meurtrier et foi mentie, à moins qu’il n’en ait eu meurtre ou félonie. Seigneurs, si vous voulez jurer que Claudas n’aura rien à redouter de vous, quoiqu’il ait forfait, je le prendrai en ma garde et baillie. Si non, chacun agisse de son mieux ! Pour moi, je sais ce que je ferai. Ores me dites ce que vous décidez.

Les chevaliers de Gannes, après s’être consultés, se rangèrent à l’avis de Pharien et jurèrent sur les saints de respecter la vie de son prisonnier. Mais Lambègue s’était éloigné, afin de ne pas faire le serment. Et quand il vit entrer Claudas accompagné de son oncle dans la tour où logeaient naguère les enfants, il n’y put tenir, et sautant sur un épieu qui se trouvait là, accroché à un ratelier, il en frappa le roi en pleine poitrine, d’une telle force qu’il lui faussa son haubert et que Claudas affaibli par ses blessures tomba sur le sol. Aussitôt, Pharien dégaine l’épée que son prisonnier lui avait rendue et qu’il tenait à la main : d’un seul coup il fend le heaume de