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LES MAITRES DÉSIRÉS

ne pouvaient s’habituer à vivre loin de leurs maîtres.

— En nom Dieu, leur dit-elle quand elle sut ce qu’ils avaient, vous n’aurez point mal longtemps : j’enverrai chercher Pharien et Lambègue cette nuit. Mangez donc, réconfortez vous, afin que vos maîtres ne supposent pas, à vous voir si maigres, qu’on vous a laissé mourir de faim céans.

— Dame, dit Lionel, nous mangerons autant que vous voudrez si vous jurez sur votre foi que vous enverrez cette nuit même.

La Dame le leur jura en riant, et sur-le-champ elle appela une de ses demoiselles, non pas Saraide, mais une autre, à qui elle commanda d’aller à Gannes et d’en ramener Pharien et Lambègue, mais si secrètement et par des chemins si détournés que personne ne pût savoir où ils étaient allés. Et Lionel donna à la messagère sa ceinture et celle de son frère, afin qu’elle pût se faire reconnaître.

Accompagnée de deux valets, elle chevaucha en toute hâte vers la cité de Gannes, et grande fut la joie des deux maîtres quand ils surent d’elle que leurs seigneurs étaient sains et saufs et hors du pouvoir de Claudas. Ils s’empressèrent de rendre au roi sa parole et sa liberté ; puis ils se mirent en route sous la conduite de la demoiselle.

Le soir tombait quand ils arrivèrent à l’orée