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MERLIN L’ENCHANTEUR

de la forêt de Brocéliande et il faisait déjà nuit lorsqu’ils parvinrent au Lac. En voyant la pucelle les mener droit à cette eau profonde et noire, ils s’émerveillèrent. Néanmoins, comme ils y croyaient entrer avec elle, le lac disparut et ils se trouvèrent devant la porte du château. Et il ne faut pas demander si les enfants eurent joie à revoir leurs maîtres : ils les embrassèrent plus de cent fois.

Sur ces entrefaites, Lancelot arriva pour le manger, car il avait passé sa journée dans les bois. La Dame n’aurait jamais consenti à dîner ni à souper, s’il n’avait tranché du premier mets et versé à boire ; après quoi elle lui permettait de s’asseoir. Il entra dans la salle, coiffé d’une couronne de roses vermeilles. Et l’on était pourtant au mois d’août, qui n’est plus le temps des roses ; mais le conte affirme que, tant qu’il demeura au Lac, été comme hiver, il ne se réveilla pas une fois sans trouver un chapelet de roses fraîches à son chevet, hors les vendredis et veilles des grandes fêtes, et durant le carême. Jamais il ne put apercevoir qui lui apportait les fleurs, bien qu’il eût souvent fait le guet. Et chaque matin, depuis l’arrivée des deux enfants, il faisait trois couronnes de ses roses, pour eux et pour lui.

Le premier qui l’aperçut fut Bohor, qui était assis sur les genoux de son maître. L’enfant courut à lui et lui dit joyeusement :