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LA CHEVALERIE

Où ? Dites-le par la foi que vous me devez.

— À la cour du roi Artus, servir quelque prud’homme jusqu’à ce qu’il me fasse chevalier.

— Ha ! beau Fils de Roi, désirez-vous tant d°être chevalier ?

— Certes, Dame ! c’est la chose du monde à laquelle j’aspire le plus.

— Si vous saviez quels grands devoirs impose la chevalerie, vous ne l’oseriez souhaiter.

— Et pourquoi, Dame ? Surpassent-ils donc le cœur et la force d’un homme ?

— Oui, quelquefois : Notre Sire Dieu a fait les uns plus vaillants que les autres, plus preux et plus courtois.

— Dame, il serait bien timide celui qui n’oserait recevoir la chevalerie. Car chacun, s’il ne peut avoir les vertus du corps, peut du moins posséder celles du cœur. Les premières, comme la grandeur, la force, la beauté, l’homme les apporte en sortant du ventre de sa mère. Mais la courtoisie, la sagesse, la débonnaireté, la loyauté, la prouesse, la générosité, la hardiesse, c’est la paresse qui empêche qu’on ne les possède, car elles dépendent de la volonté. Et je vous ai souvent oui dire que c’est le cœur qui fait un prud’homme.

Alors la Dame du Lac prit Lancelot par la