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MERLIN L’ENCHANTEUR

main et l’emmena dans sa chambre ; et là, après l’avoir fait asseoir, elle lui dit :

— Les premiers chevaliers ne le furent point à cause de leur naissance, car tous nous descendons de même père et de même mère. Mais quand Envie et Convoitise commencèrent de grandir dans le monde, alors les faibles établirent au-dessus d’eux des défenseurs pour maintenir le droit et les protéger.

« À cet office, on choisit les grands, les forts, les beaux, les loyaux, les hardis, les preux. Et nul, en ce temps-là, n’eût été si osé que de monter à cheval avant d’avoir reçu la chevalerie. Mais elle n’était pas donnée pour le plaisir. On demandait aux chevaliers d’être débonnaires sauf envers les félons, pitoyables pour les souffreteux, prêts à secourir les besogneux et à confondre les voleurs et les meurtriers, bons juges sans amour ni haine. Et ils devaient protéger Sainte Église et celui qui tend la joue gauche à qui lui a frappé la droite.

« Car leurs armes ne leur ont pas été données sans raison. L’écu qui pend au col du chevalier et le garantit par-devant signifie qu’il se doit mettre entre Sainte Église et ses assaillants, et recevoir les coups pour elle comme un fils pour sa mère. De même que son haubert le vêt et protège de toutes parts, ainsi doit-il couvrir et environner Sainte Église, de façon que les méchants ne la puissent atteindre. Son heaume est comme la