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MERLIN L’ENCHANTEUR

barons, parce que les coureurs saines se montraient aux environs. De la fille aînée du duc de Tintagel, il avait quatre fils nommés Gauvain, Agravain, Guerrehès et Gaheriet ; Mordret, le cinquième, qu’il croyait de lui, avait été engendré par Artus, voici comment.

Au temps, dit le conte, que les barons du royaume de Logres étaient assemblés à Carduel pour élire le successeur d’Uter Pendragon, Antor et ses deux fils, Keu et Artus, logeaient dans la même maison que le roi Lot. Celui-ci, apprenant qu’Antor et Keu étaient chevaliers, les pria à sa table, et il les fit coucher tous deux dans la salle, tandis qu’Artus les servait et avait son lit dans un coin, comme il convient à qui n’est encore qu’écuyer.

Or, il était joli valet et bien enjoué. Il s’éprit de la femme du roi Lot, qui était belle et grasse, mais qui ne semblait pas faire attention à lui. Une nuit pourtant que le roi était sorti secrètement, sans éveiller la reine, pour quelque affaire, Artus se coula hardiment dans la chambre de la dame, puis dans son lit ; mais là, il n’osa rien faire de plus. Comme il se tournait et retournait, la reine, à la façon d’une femme à demi endormie, le prit dans ses bras, croyant que c’était son seigneur ou peut-être feignant de le croire. Ainsi il eut d’elle son plaisir et il lui en donna beaucoup. Puis, dès qu’elle se fut rendormie, il se glissa doucement dehors.