Page:Boulenger - Romans de la table ronde I.djvu/74

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
58
MERLIN L’ENCHANTEUR

damoiseaux sans en demander plus. Qui preux sera, on le verra !

Et pendant qu’ils descendaient de leurs palefrois et resanglaient leurs destriers, Gaheriet dit à son frère :

— Agravain, souvenez-vous d’être aussi terrible aux Saines que vous le fûtes aux pucelles ce matin.

— Et vous, Gaheriet, leur donnerez-vous trêve comme aux dames ?

— Sire, vous êtes mon aîné : quand nous en serons aux mains, faites du mieux que vous pourrez.

— Je serais bien couard si je ne faisais mieux que vous ! Et je compte aller en lieu où vous ne me suivriez qu’au prix d’un de vos membres.

Alors Gaheriet se mit à rire et lui dit sans se fâcher :

— Eh bien, allez devant !

Et après s’être fait connaître des paysans, les cinq damoiseaux se dirigèrent vers le convoi, suivis de leurs gens et d’un bon nombre de vilains armés.

Il était midi et il faisait grand chaud, si bien que la poussière du charroi empêchait les Saines de voir à un jet de pierre devant eux. Aussi plièrent-ils d’abord, surpris par la charge furieuse des enfants. Agravain, de son premier coup de lance, perce un paien et le jette mort. Gaheriet fait de même. Mais rien