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COLÈRE D’AGRAVAIN

n’égale Gauvain qui brise et rompt tout comme carreau d’arbalète : de la hache qu’il tient en main, il pourfend ses adversaires jusqu’au séant. Et Guerrehès et Galessin l’aident de telle sorte que les Saines s’enfuient bientôt, criant que ce ne sont hommes, mais diables qui les attaquent, et maudissant le jour et l’heure où ils sont nés.

Et tandis que les enfants et leurs gens délivraient les captifs et rassemblaient le convoi, Gaheriet dit encore à Galessin :

— Demandez maintenant à mon frère Agravain s’il désire toujours de rencontrer une pucelle.

— Gaheriet, répondit Agravain en le regardant de travers, vous aviez moins envie de plaisanter, tout à l’heure, dans la mêlée.

— Mais vous-même, si la plus belle femme de la terre vous eût alors prié d’amour, vous ne lui eussiez dit mot pour rien au monde, il me semble.

Là-dessus Agravain furieux s’empare d’un tronçon de lance et frappe Gaheriet sur le heaume jusqu’à ce que le bois vole en pièces ; en vain s’efforce-t-on de le retenir. Et son cadet ne lui rend pas les coups !

— Si vous le touchez encore, malheur à vous ! s’écrie Gauvain.

Agravain de dégaîner aussitôt : il décharge un tel revers sur le heaume de son frère que des