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MERLIN L’ENCHANTEUR

discourir, déclara qu’ils venaient offrir leurs services à condition qu’on ne leur demandât point leurs noms ; et Léodagan les ayant acceptés, ils allèrent, conduits par Merlin, se loger chez un vavasseur appelé Blaire, riche et prud’homme, dont la femme, bonne à Dieu et au siècle, se nommait Lionelle.

Ils n’étaient pas arrivés depuis une semaine que l’armée ennemie parut devant Carohaise. Le conseiller de Rome Ponce Antoine, qui était un très bon et preux chevalier, menait les Romains, le duc Frolle les Allemands, et le roi Claudas les gens de la Terre Déserte. C’était un mardi soir, 30 avril. Dès que les guetteurs aperçurent au loin les premiers coureurs ennemis et la fumée des incendies, on ferma les portes et tout le monde courut aux armes. Les chevaliers de Léodagan se formèrent sous l’enseigne du roi, d’azur à trois bandes d’or, que portait le sénéchal Cléodalis, Artus et ses bons compagnons se rassemblèrent autour de la bannière de Merlin ; on y voyait un petit dragon à queue longue et tortue, qui semblait lancer des flammes et dont on eût cru que la langue bougeait sans cesse dans la gueule béante.

Cependant les premiers coureurs ennemis arrivaient au bord du fossé. Ils lancèrent insolemment leurs javelots contre la porte ; puis ils firent tourner leurs chevaux et s’occupèrent à rassembler les bestiaux abandonnés dans les champs par les paysans.