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BATAILLE DE CAROHAISE

Lorsqu’il vit cela, Merlin, suivi de sa compagnie, se fraya un passage jusqu’à la porte.

— Ouvre, et laisse-nous sortir, commanda-t-il au portier.

— Pas avant d’avoir reçu l’ordre du roi.

— Ouvre, ou malheur à toi !

Et il pose la main sur le fléau, le soulève, écarte les battants aussi aisément que s’ils n’eussent été clos par une bonne serrure, fait tomber le pont en le poussant rudement, et sort avec les siens ; après quoi le pont se relève de lui-même, la porte se referme toute seule, le pêne tourne sans aide et le fléau retombe de son propre mouvement.

Cependant, les quarante et un compagnons se jetaient sur une troupe d’Allemands qui emmenaient du bétail et la dispersaient ; puis ils s’occupaient à grouper les bêtes pour les ramener vers la cité. Mais, à la sonnerie des timbres, des cors, des buccines et des tambours, les Allemands se rassemblèrent rapidement, et bientôt toute l’armée du duc Frolle galopa sur Artus et les siens.

— Sainte Marie Notre Dame, priez votre cher Fils qu’il nous aide et soutienne ! Poignez, francs chevaliers ! Ores on verra qui preux sera !

Ayant dit, Merlin donne un coup de sifflet : aussitôt une rafale de vent soulève un immense tourbillon de poussière, à l’abri duquel, lâchant