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MERLIN L’ENCHANTEUR

le frein et piquant des deux, les compagnons se précipitent sur les ennemis aveuglés et en font un terrible carnage. À cette vue, Léodagan fait à son tour sortir en rase campagne ses chevaliers en deux corps, l’un sous ses ordres, l’autre sous ceux du sénéchal Cléodalis. Mais il est rudement reçu par les gens du roi Claudas de la Déserte et de Ponce Antoine ; les lances se heurtent, les épées frappent les heaumes et les écus, et le bruit du combat devient tel qu’on n’eût point entendu Dieu tonner : les habitants de la ville en étaient tout assourdis.

Or, il arriva que les gens de Léodagan furent enfoncés par ceux de la Déserte, et que le roi fut renversé de son cheval et pris. Merlin le sut dans le même instant, à l’autre bout du champ de bataille.

— À moi, francs chevaliers ! cria-t-il en levant son enseigne flamboyante.

Et les quarante compagnons se rassemblent derrière lui au grand galop. Ils fondent comme une tempête sur les chevaliers qui emmenaient le roi, les tuent ou les dispersent et délivrent Léodagan ; puis, après lui avoir donné de nouvelles armes et un destrier, ils repartent à toute allure derrière leur porte-enseigne, sur leurs chevaux dégouttant de sueur ; s’élancent à la rescousse de Cléodalis qui avait fort à faire contre les Romains ; abattent de leur premier choc tout ce qu’ils trouvent devant eux, et se