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Page:Boulenger - Romans de la table ronde I.djvu/88

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MERLIN L’ENCHANTEUR

— Vous-même, répondit le roi Artus rougissant de dépit, mettez bas cette épée et rendez vous à merci ; et sachez que le fils du roi Uter Pendragon ne vous assure que de la mort.

— Es-tu le roi Artus ? Apprends donc que je me nomme Frolle et que je suis duc d’Allemagne. Je tiens tout le pays jusqu’à la terre des Pâtures ; et plus loin elle m’appartiendrait encore, si l’on pouvait y passer, mais on ne saurait à cause d’une statue que Judas mit la en guise de borne et pour marquer jusqu’où s’étendirent ses conquêtes. On la nomme la Laide Semblance : les anciens disent que, sitôt ôtée, les aventures du royaume de Logres cesseront ; mais celui qui la voit en prend aussitôt la monstrueuse figure. Et maintenant, fils d’Uter Pendragon, sache que je fais serment de ne plus connaître le goût du pain et du vin tant que je te saurai vivant.

Il dit, et se jette sur Artus ; mais celui-ci l’évite et riposte à l’œil droit ; si son épée ne lui eût tourné dans la main, le géant eût été tué. Frolle sent son sang couler sur sa joue : furieux, il court droit sur Artus pour le saisir, mais celui-ci recule en se défendant à grands coups d’Escalibor. Et voici que six chevaliers romains apparaissent sur la pente de la montagne, galopant en tempête, poursuivis par Ban, Bohor et Nascien. À la vue des Bretons, le duc Frolle revient à son destrier ; déjà il l’en-