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Page:Boulenger - Romans de la table ronde I.djvu/87

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MARMIADOISE

Le duc d’Allemagne eut grand dépit quand il connut que le chevalier qui le menaçait ainsi n’était qu’un enfant au prix de lui. Il fit tourner son cheval et s’élança, sa masse à la main, couvert de son bouclier fait d’un dos d’olifant. Au premier choc, Artus de sa lance lui traverse l’épaule ; pourtant le géant ne bouge pas plus qu’un rocher et lève sa masse pour riposter ; mais Artus esquive le coup en portant son cheval en avant, si roidement que les deux montures se heurtent et tombent. Frolle, qui était beaucoup plus fort et puissant, mais plus lourd, ayant quarante-deux ans, était encore à terre, que déjà son jeune adversaire lui courait sus. Escalibor fulgurait au-dessus de son heaume ; pour parer le coup, Frolle oppose sa masse : elle est tranchée. Alors il dégaine son épée. C’était une des bonnes lames du monde, celle-là même dont Hercule se servit quand il mena Jason en l’île de Colchide pour conquérir la toison d’or ; et elle avait nom Marmiadoise. Dès qu’elle fut hors du fourreau, elle répandit une si grande clarté que tout le pays en fut illuminé : et Artus, en la voyant flamboyer ainsi, recula d’un pas pour mieux la considérer.

— Sire chevalier, dit le géant, je ne sais qui vous êtes, mais vous avez de la hardiesse, puisque vous avez osé me poursuivre tout seul. Pour cela, je vous ferai grâce : baillez-moi vos armes, et je vous laisserai aller.