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Page:Boulenger - Romans de la table ronde II, 1923.djvu/126

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GALEHAUT SIRE DES ÎLES LOINTAINES

chevalier qui est seul et qu’ils ont fort malmené.

— Certes, vous n’avez jamais rien dit dont je vous sache si bon gré. Je ne sais quel est ce chevalier, mais il est si preux que je lui donnerais mon amour volontiers.

Là-dessus, messire Gauvain heurta son cheval des éperons et reconnut en approchant Sagremor le desréé. Il renversa du premier coup l’un des deux chevaliers de Norgalles ; puis, comme un sergent haussait sa hache pour l’en frapper, il lui coupa le bras ; fendit à un autre, d’un seul revers, la tête en deux morceaux, comme une pomme ; et heurta le troisième du poitrail de son destrier. Cependant Sagremor faisait voler le chef du deuxième chevalier. Ce que voyant le reste des sergents prit du champ.

Les deux compagnons s’embrassèrent sans daigner poursuivre ces gens de pied ; après quoi ils s’en revinrent vers la pucelle qui était demeurée sous le couvert du bois afin de n’être pas reconnue.

— Qui est-ce ? demanda Sagremor.

— En nom Dieu, répondit messire Gauvain, c’est une demoiselle, belle à merveille.

— Qu’elle soit donc la bienvenue ! reprit Sagremor.

Et il se hâta de saluer la pucelle.

— Demoiselle, dit messire Gauvain, ne disiez-vous pas que vous accorderiez votre amour à ce chevalier ?