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SAGREMOR FAIT AMIE NOUVELLE

— Certes, sire !

— Dévoilez-vous donc.

— Comment ? Ne m’a-t-il pas lui-même donné son cœur ?

— Il veut vous voir auparavant, car un chevalier ne saurait aimer sans connaître ce qu’il aime.

— Sire, dit la pucelle à Sagremor, c’est donc que j’ai de vous meilleure opinion que vous de moi, car je vous donnai mon amour d’abord que je vous aperçus. Je me dévoilerai, mais vous ôterez votre heaume. Si je vous plais, vous le direz ; mais si vous n’êtes à mon gré, quitte et quitte !

— Soit ! dit Sagremor en riant.

Là-dessus, la pucelle de baisser son voile et de rire à son tour.

— Ha ! dame, s’écria Sagremor aussitôt, je veux être vôtre et me tiens pour assez payé !

— En nom Dieu, répondit la demoiselle en regardant monseigneur Gauvain, un chevalier aussi preux que vous me priait d’amour hier soir !

— Demoiselle, vous allez donc me trouver bien laid, bien noir et bien marqué des coups que j’ai reçus.

Ce disant il ôta son heaume, et elle vit qu’il avait le visage le plus bel et le plus avenant malgré les meurtrissures du combat.

— Demoiselle, que vous en semble ? demanda messire Gauvain.

— Sire, mieux encore que devant !