Page:Boulenger - Romans de la table ronde II, 1923.djvu/149

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
139
MARGANOR

Marganor était très bon chevalier et sûr ; pourtant il fut arraché des arçons au premier choc. Et vous eussiez vu Hector descendre sur-le-champ de son destrier, car il n’était pas homme à requérir à la lance un chevalier à pied. Or, le sénéchal connaissait l’escrime aussi bien que personne au monde ; toutefois Hector le fit tôt choir sur les genoux, et dans le même instant il le saisit par son heaume pour le coucher à terre, mais tira si rudement qu’il brisa les lacets et que le heaume lui resta dans la main ; et, tandis qu’il le jetait au loin dans le marais, le sénéchal se releva et se remit en défense.

— Sire, tenez-vous pour outré !

— Sire, répondit Marganor, jamais je ne me tiendrai pour outré par vous. Au reste, ce heaume ne faisait que me gêner ; j’avais trop chaud à la tête.

Mais que peut le plus vaillant, le chef nu ? Certes, le sénéchal se défend hardiment ; mais bientôt il se voit poussé au bord de la chaussée.

— Marganor, lui crie Hector en reculant de quelques pas, tu vas tomber dans l’eau !

Et il l’invite encore une fois à se tenir pour outré ; et encore une fois le sénéchal refuse.

— Je ne t’en prierai donc plus aujourd’hui !

Pourtant, peu après, comme Marganor, en sautant en arrière pour éviter un coup à la tête,