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LE COMBAT DE JUSTICE

en selle, reprit sa lance et attendit le troisième champion. Mais les barons de Carmélide crièrent à ce moment que la bataille n’était pas faite selon le droit, car Lancelot n’avait pas juré que la reine Guenièvre était innocente, ni ses adversaires qu’elle était coupable.

— Une bataille pour une si grande chose que de fausser un jugement ne doit pas être menée sans serment. Nous savons bien, pour notre part, que nous n’avons pas fait de faux jugement.

Le roi hésitait, mais Galehaut, qui n’était pas tout à fait sûr que la reine fût innocente et qui voulait éviter à Lancelot de jurer, fit sonner le cor. Et les deux chevaliers ne perdirent pas leur temps à se faire des menaces : ils mirent leurs écus peints et vernis devant leurs poitrines, baissèrent leurs grosses lances et rendirent la main en brochant des éperons.

Or le troisième champion de Carmélide, qui avait vu la prouesse de Lancelot, s’était dit que, s’il en tuait le cheval, il aurait grand avantage ensuite : il détourna donc sa lance et occit le destrier. Mais cela lui servit de peu, car, dans le même temps, Lancelot l’arrachait des arçons.

Tous deux se relevèrent et, comme ils étaient vites, forts et roides, bientôt les mailles de leurs hauberts jonchèrent la terre et leur sang rougit leurs armes. Lancelot toutefois frappait