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LES AMOURS DE LANCELOT DU LAC

était bien disert et savait se jouer en paroles, vous avez grande part en ce salut, puisque tous ceux que j’aime y sont compris.

— Sire, je m’aime donc mieux d’y être avec vous. La dame de Nohant vous demande secours comme à son seigneur lige, car le roi de Northumberland a envahi et gâté sa terre. Tous deux ont convenu que ma dame pourra faire défendre son droit par un chevalier contre un, ou par deux contre deux, ou par trois contre trois, ou par autant qu’elle en pourra avoir. Et elle vous requiert de lui envoyer tel champion qu’il vous plaira.

— Belle amie, répondit le roi, je la secourrai volontiers, car elle tient de moi sa terre. Mais, ne me fût-elle de rien, je ne lui aiderais pas moins, car elle est très vaillante dame, débonnaire et de haute lignée, et pour l’amour de vous.

Le damoisel entendit ces mots : tandis qu’on menait la pucelle au corps gent dans les chambres de la reine, il vint s’agenouiller devant le roi et lui demanda d’être envoyé au secours de la dame de Nohant.

— Sire, ajouta-t-il en le voyant hésiter, vous ne devez pas me refuser le premier don que je requiers de vous après mon adoubement. Je serais peu prisé et, moi-même, je m’estimerais moins, si vous ne vouliez me donner à accomplir ce que peut faire un chevalier.