lant dire ce qui advint à monseigneur Gauvain quand Karadoc de la Tour Douloureuse l’eut ravi et emporté.
XLI
Après avoir rejoint ses gens, le grand chevalier fit placer monseigneur Gauvain sur un roussin, les bras garrottés et les pieds liés sous le ventre du cheval, et durant toute la route il le fit battre de courroies, au point que le sang du prisonnier coulait de toutes parts.
Karadoc avait une femme vieille et hideuse, la plus félonnesse et déloyale vieillarde qui jamais naquit. Et quand elle vit monseigneur Gauvain, elle s’écria :
— Gauvain, Gauvain, enfin je vous ai en ma prison ! Et je prendrai vengeance de vos trahisons.
— Dame, répondit-il, jamais je ne commis de trahison, et il n’y a sous le ciel nul homme qui m’en accusât contre qui je ne m’en défendisse.
— Tu as occis mon fils, et il faut que ce soit par la grande félonie dont tu es plein, car aucun chevalier ne fut meilleur que lui. Et nul n’est plus déloyal et plus traître que toi !