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LA LAIDE PUCELLE

si quelqu’un s’en allait, elle n’en dirait pas plus, et chacun se rassit.

— Sire, poursuivit-elle, quand Lancelot vous quitta à la Tour Douloureuse, il était blessé d’un coup de lance par le corps et craignait fort de mourir sans confession. Mais il rencontra un prêtre qui lui donna pour pénitence d’avouer ses péchés devant votre cour, soit de sa bouche, soit par autrui, et il me requit au nom de Dieu de le faire pour lui. Et premièrement il vous prie de lui pardonner sa grande déloyauté envers vous, car il vous a trahi avec votre femme qu’il aimait de fol amour, et qui l’aimait.

Lionel au cœur sans frein, quand il entendit cela, voulut se jeter sur elle et il l’eût tuée s’il eût pu l’approcher, mais Galehaut se mit devant lui et lui rappela que le roi avait assuré la pucelle.

— Du moins, diable d’enfer, cria Lionel, sache que, si je puis jamais te tenir, ni roi ni reine ne te saura protéger !

Alors la laide demoiselle dit au roi :

— Sire, me serez-vous mauvais garant ?

— Demoiselle, répondit Galehaut, vous n’avez garde puisque le roi vous a assurée, et moi-même je vous protégerai contre tous. Mais qui voudra croire déloyauté vous croie.

— Lancelot vous mande ce que vous avez ouï, reprit la laide pucelle ; et vous tous, qui êtes de la Table ronde, il vous conjure de ne pas honnir votre seigneur lige comme il a fait. Or,