pour qu’on sache que je dis vrai, j’apporte telles enseignes qui en témoigneront.
Et jetant l’anneau dans le giron de la reine :
— Dame, lui dit-elle, Lancelot vous renvoie cet anneau que vous lui avez donné avec votre cœur et votre amour.
Alors la reine se leva et dit en s’échauffant peu à peu :
— Certes, je reconnais bien l’anneau, car je lui en ai fait présent comme loyale dame à loyal chevalier. Et sachez, sire, et vous tous et toutes qui êtes ici, que, si j’avais donné mon amour à Lancelot comme le dit cette demoiselle, je connais assez la hauteur de son cœur pour être certaine qu’il se fût laissé arracher la langue plutôt que de le confesser à personne ! Il est bien vrai que Lancelot a tant fait pour moi que je lui ai accordé de mon cœur ce que j’en peux. Et peut-être, s’il était tel qu’il m’eût requise d’amour vilaine, je ne l’eusse pas éconduit. M’en blâme qui voudra ! Quelle est la dame qui eût repoussé un chevalier qui eût fait pour elle ce que Lancelot a fait pour moi ? Et vous, sire, souvenez-vous des services qu’il vous a rendus ! Vous lui devez votre honneur et votre terre. Il vous a soumis le plus prud’homme du siècle, Galehaut qui est ici. Il m’a sauvée du jugement déloyal. Vous-même, et Gauvain, et Gaheriet, et Hector, il vous a délivrés à la Roche aux Saines. Il vous a conquis la Tour Douloureuse.