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LES AMOURS DE LANCELOT DU LAC

Mais le conte, à présent, ne parle plus de la reine Guenièvre et de ses dames, et retourne au chevalier pensif qui chevauche aussi vite que son destrier peut aller.


XXI


Il ne tarda pas à rejoindre celui qui l’avait défié, et de son premier coup de lance il le tua. Dont il fut bien dolent ; mais qu’y faire ? Puis il reprit son chemin et bientôt approcha d’une cité qu’on nommait le Puy de Malehaut.

Or, comme il entrait dans la ville, il fut dépassé par deux écuyers, portant l’un le heaume, l’autre l’épée du chevalier qu’il avait occis. Et lorsqu’il voulut sortir par l’autre porte, il la trouva fermée, et tout à coup il fut assailli par plus de cent sergents. Il se défendit de son mieux, mais, son cheval tué, il dut se réfugier sur les degrés d’une maison. Là, il fut durement attaqué et déjà ses ennemis l’avaient fait tomber sur les genoux deux ou trois fois, lorsque la dame de la ville survint, qui le requit de se rendre à merci.

— Dame, demanda-t-il, en quoi ai-je méfait ?

— Vous avez tué le fils de mon sénéchal. Mais rendez-vous à moi.