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GALEHAUT À GALORE

Il lui tendit son épée. Et le conte se tait pour un temps de monseigneur Lancelot.


XXII


Or, un jour il vint nouvelles au roi Artus de Galehaut, le fils de la belle géante, seigneur des Îles lointaines, qui avait envahi les marches de Galore. Le roi demanda quel était ce Galehaut, et on lui dit que c’était un très grand et fort chevalier de la lignée des géants, mais qu’il n’avait pas accoutumé, comme ceux de sa nature et ses ancêtres, de boire à se saouler chaque nuit : au contraire, il était le plus prud’homme et le plus modéré en toutes choses, courtois, preux, sage, bien disant, plein de largesse ; et il s’était promis de guerroyer jusqu’à ce qu’il eût conquis trente royaumes.

— Bel ami, dit le roi Artus au messager, faites savoir à ceux des marches que je partirai cette nuit pour les défendre.

— Sire, dit messire Gauvain, vous ne devez point ainsi vous mettre en aventure : Galehaut a toute une armée, et vous êtes ici fort privément.

— À Dieu ne plaise, répondit le roi, qu’on envahisse ma terre et que je demeure en repos !