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LE CHÂTEAU AVENTUREUX

— Dame, vous me feriez honnir à jamais si vous me forciez à m’éloigner maintenant de ce chevalier qui m’attend. Pour Dieu, accordez-moi répit jusqu’à ce que je l’aie abattu !

— Voire ! et s’il vous conquiert, vous serez son prisonnier ! Venez avec moi.

— Je vous suivrai donc, dit Lancelot ; mais sachez que nous n’aurons pas marché deux traits d’arc que vous me trouverez mort et tué de ma propre main.

— Si je vous laisse jouter, jurez-vous de me suivre ensuite ?

— Je le jure, sauf que mon corps ne le puisse.

Là-dessus, les deux chevaliers se heurtent de si grande force qu’ils se percent l’écu et le haubert et se mettent la chair à nu, qui était blanche et tendre. Lancelot traversa l’épaule de l’inconnu et le culbuta ; lui-même, il demeura en selle, mais le fer de l’autre lui resta au côté.

— Maintenant, sire chevalier, acquittez votre foi ! crie la vieille en lançant sa monture à toute bride.

Et, sans regarder à sa blessure, Lancelot s’éloigne au galop derrière elle, pendant que la reine s’écrie :

— Ha, il a dans le corps un tronçon de lance ! Il lui faudra mourir, s’il va longtemps ainsi !

Néanmoins, elle fit transporter les blessés au bord d’une source qui coulait non loin de là,