« — Je le guérirai bien, avec l’aide de Dieu.
« Ils chevauchèrent jusqu’au château et le Sarrasin mena Joseph à son frère qui avait une blessure à la tête.
« — Sire, dit le blessé, si vous me guérissez, je vous ferai riche.
« Mais Joseph se mit à rire.
« — Comment le pourrais-tu, dit-il, toi qui ne possèdes que de l’or et de l’argent ? Ce ne sont pas là de grandes richesses : ne donnerais-tu pas tous les trésors pour avoir santé ? Je te guérirai, si tu veux croire en Dieu.
« — Ainsi fais-je, et non pas en un dieu, mais en quatre : Mahomet, Apollon, Tervagan et Jupiter.
« — Tu en es d’autant plus honni et déchu ! Crois-tu donc que de telles idoles, que des hommes ont faites de leurs propres mains, soient divines ? Je te ferai voir qu’elles ne valent rien.
« Or, un Sarrasin qui était là, entendant Joseph parler de la sorte, tira son épée et l’en frappa si rudement à la cuisse qu’il brisa la lame par le milieu et qu’une moitié en demeura dans la plaie. Joseph se reprit à rire.
« — Puisqu’il en est ainsi, dit-il, menez le frère de Matagran devant vos dieux : s’ils le guérissent, je croirai qu’ils sont puissants.
« Les païens portèrent le blessé dans leur mahomerie ; mais ils eurent beau prier Mahomet, il demeura navré comme devant. Alors Joseph