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LE CHÂTEAU AVENTUREUX

en a perdu l’honneur par la faiblesse de ses reins !

Là-dessus, elle s’éloigna, et, sitôt qu’elle eut disparu, messire Gauvain sentit ses forces revenir. Il revêtit ses armes, enfourcha son bon cheval et voulut retourner au Château aventureux pour prendre vengeance du traitement qu’on lui avait fait subir. Mais vainement il le chercha de tous côtés : la forteresse s’était évanouie comme une fumée, de sorte qu’il lui fut impossible d’en retrouver la moindre trace ; alors il partit, maudissant le jour de sa naissance et songeant qu’il était le plus vil chevalier du monde. Mais ici le conte cesse de parler de lui et devise de ses frères.


XII


Ils étaient quatre. L’aîné après monseigneur Gauvain fut Agravain, plus grand que lui de corps, carré de tous membres et blanc comme laine, assez bon chevalier avec cela, mais envieux, orgueilleux comme un Ennemi, sans amour ni pitié, et abondant en mauvaises paroles.

Le suivant s’appelait Guerrehès. C’était le plus gracieux, hardi d’ailleurs, et beau, et gent, bien qu’il eût le bras droit plus long que le gauche. Il fit d’assez hautes prouesses, mais n’en dit jamais rien que contraint. Des quatre frères, ce fut lui