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LE CHÂTEAU AVENTUREUX

— Quand le deuxième est-il venu ? demanda-t-il à un garçon.

— Sire, un peu après que vous vous fûtes retiré dans votre chambre. J’ai entendu qu’ils sont tous deux de la maison du roi Artus.

Alors, le bourru douta que sa femme ne les eût mandés pour l’occire durant son sommeil. Il quitta la salle et appela dix sergents bien armés, qu’il fit cacher dans un réduit voisin.

— Ces deux chevaliers sont venus céans pour m’outrager, leur dit-il. S’ils bougent, jetez-vous sur eux et tuez-les : désarmés comme ils sont, ils ne pourront durer contre vous.

— Sire, soyez tranquille : nous leur ferons passer le goût du pain.

Mais un valet, qui aimait fort la dame, courut l’avertir.

— Savez-vous ce que nous ferons ? dit Gaheriet à Sagremor. Il y a peu de temps que j’ai mangé : je ne souperai pas ce soir. Je vais feindre d’être malade et j’irai me coucher dans la chambre où sont nos armes : sitôt que vous serez assis à table, je revêtirai les miennes. Au premier bruit, j’accours et je tiendrai bien tout seul jusqu’à ce que vous ayez pris les vôtres.

Ainsi fut fait. Quand le sire demanda où était Gaheriet, on lui répondit qu’il était un peu souffrant. Peu lui souciait, à ce discourtois, que son hôte soupât ou non ! Pourtant, les