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LE CHÂTEAU AVENTUREUX

Trois dames vinrent à passer, escortées de six chevaliers. Elles chevauchaient sous un dais que soutenaient des valets ; et l’une d’elles était la reine de Sorestan, l’autre la reine Sybille l’enchanteresse et la troisième Morgane la fée. En apercevant Lancelot, elles s’arrêtèrent et la reine de Sorestan s’écria :

— Par Dieu, vit-on jamais un si bel homme ? Elle se pourrait bien priser, la dame qui l’aurait en sa seigneurie ! S’il m’aimait, je me croirais plus riche que si j’avais le monde en ma baillie.

— Dame, dit Morgane qui ne reconnaissait pas Lancelot dont les cheveux étaient tombés comme l’histoire l’a conté, dame, encore que vous soyez reine, je suis de plus haut lignage et plus belle que vous, et certes il m’aimerait davantage.

— En nom Dieu, fit la reine Sybille, c’est moi la plus jeune, la plus gaie et la plus charmante : je saurais sans doute mieux lui plaire.

— Eh bien, reprit Morgane, faisons faire une litière et emportons-le dans mon manoir qui est proche. Là, nous nous offrirons à son service : on verra celle qu’il choisira.

Elles s’accordèrent à cela : Lancelot, enchanté, fut transporté dans une chambre du château, claire et grande, mais dont les fenêtres étaient grillées. Et là, quand le charme fut dissipé, il s’éveilla, et voyant autour de lui tant de chandelles, car la nuit était tombée, il se signa