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LES TROIS DAMES

d’abord. « Sainte Marie Dame, où suis-je ? se demanda-t-il. Je m’étais couché à l’ombre d’un pommier et maintenant me voilà dans je ne sais quel château ! Suis-je devenu fantôme, ou si les Ennemis m’ont ravi ? » À ce moment la porte s’ouvrit et les trois dames entrèrent, vêtues et atournées aussi richement qu’elles avaient pu.

— Sire chevalier, dit la reine de Sorestan, vous voilà en notre prison ; mais la rançon sera légère.

— Dame, si je puis, je me rachèterai.

— Pour rançon, prenez celle de nous que vous préférez.

— Il me faudra donc faire amie nouvelle, ou rester en cette prison ?

— Oui vraiment.

— Dieu ne m’aide, reprit Lancelot courroucé, si je n’aimerais mieux demeurer dans cette chambre jusqu’à ma mort, que de faire ma mie de l’une de vous ! J’en serais trop rabaissé !

À ces mots, les trois dames se mirent en colère ; mais il pensait qu’il lui serait moins cruel de mourir que de laisser la reine sa dame, fontaine de toute beauté, pour prendre une de ces étrangères ; et elles sortirent en le menaçant.