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LE CHÂTEAU AVENTUREUX


Où est celui qui me hante,
J’y tourne aussitôt mon vis.
Lors, me semble que le sente
Par-dessous mon manteau gris.

Quand ils crieront : « Outrée ! »
Dieu, aidez au pèlerin
Pour qui suis épouvantée :
Car félons sont Sarrasins !

Hélas ! que je fus déçue
De ne point l’accompagner !
Sa chemise dévêtue
M’envoya pour l’embrasser.
La nuit, quand l’amour me tue,
La mets contre moi coucher,
La serrant sur ma chair nue
Pour mes durs maux apaiser.

Quand ils crieront : « Outrée ! »
Dieu, aidez au pèlerin
Pour qui suis épouvantée :
Car félons sont Sarrasins !

Cependant la reine mangeait, buvait, dormait si peu que c’était merveille qu’elle ne rendît l’âme et que ce ne l’est point si, à la fin, elle tomba malade : dont le roi se tourmenta beaucoup, car il ne soupçonnait pas que ce fût à cause de Lancelot du Lac, tant elle s’était