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LE CHÂTEAU AVENTUREUX

trois en quête, et l’on ne sait où ils se trouvent à présent.

Le roi Claudas fut fort troublé d’apprendre que la pucelle appartenait à la reine Guenièvre. Il lui vint à l’esprit qu’elle avait été envoyée par les enfants des rois Ban et Bohor, par lui déshérités, pour connaître ses forces, et qu’elle apportait des lettres d’eux aux peuples du royaume de Gannes. Après l’avoir priée d’attendre un moment, il sortit de la pièce et manda son sénéchal.

— Faites-la fouiller ainsi que ses gens, lui dit-il, puis tenez-les tous en prison, de manière que ceux qui les envoient en perdent à jamais voies et vents.

Mais la demoiselle connaissait par ouï-dire la traîtrise de Claudas : aussi avait-elle remis à son nain le message dont la reine l’avait chargée, en lui recommandant de le faire disparaître à son premier signe. Et quand il vit le sénéchal entrer avec deux sergents et arrêter sa dame, le nain, qui était allé s’appuyer à une fenêtre, précipita les lettres dans la rivière, où elles s’enfoncèrent, car elles étaient dans une boîte de buis qui par nature coule tout droit.

— Larron ! lui dit le sénéchal qui l’avait vu, je vous ferai mourir !

Et il le mit en prison, ainsi que la demoiselle et ses gens.