Page:Boulenger - Romans de la table ronde III, 1922.djvu/190

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
184
LE CHÂTEAU AVENTUREUX

voir le fils de Largesse, qu’il regarde le roi Artus ! Va-t’en si tu veux : je demeure en sa maison.

Ce qu’il fit ; et il servit si bien parmi les écuyers de la reine, durant un an, qu’elle s’intéressa à lui et lui demanda d’où il était. Alors il lui conta tout : comment le roi Claudas avait emprisonné sa cousine, et comment il avait été lui-même envoyé pour épier. La reine, courroucée, se fit apporter sur-le-champ de l’encre et du parchemin, et elle écrivit de sa main des lettres, qu’elle fit sceller de son scel ; après quoi elle chargea l’un de ses valets, qui était de confiance, de les porter au roi Claudas. Et monté sur un bon roussin, l’homme se mit en route pour Gannes le jour même.

— Sire, dit-il au roi, madame la reine, la femme du roi Artus, vous mande de lui rendre par amour et courtoisie sa pucelle que vous détenez. Si vous ne voulez le faire, sachez que de tels maux vous en adviendront, qu’il vaudrait mieux pour vous que madame ne fût jamais née. Et vous trouverez cela écrit sur ces lettres.

Le roi les prit sans mot dire et les fit lire par un de ses clercs ; mais, quand il connut les menaces que la reine lui faisait, il fut si irrité, que pour un peu le cœur lui eût crevé au ventre. Il saisit les lettres, les foula aux pieds.

— Va dire à ta dame, s’écria-t-il, que je ferai