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LE CERF BLANC ET LES QUATRE LIONS

entre quatre lions, deux devant, deux derrière, lesquels le gardaient aussi attentivement qu’une mère son enfant. Les cinq bêtes passèrent devant Lancelot et son compagnon sans leur faire aucun mal ; puis elles entrèrent au plus épais de la forêt. Et quand Lancelot fut arrivé à l’ermitage, il ne manqua pas de demander si c’était par enchantement ou par le commandement de Dieu que les lions protégeaient ainsi le cerf.

— Vous avez donc vu le cerf blanc ? dit l’ermite. Sachez, sire, que c’est une des plus grandes merveilles du monde et que ce n’est pas un enchantement ni l’œuvre du diable, mais un miracle qui advint par la volonté de Notre Seigneur. D’ailleurs, le bon chevalier célestiel, qui passera tous les chevaliers terriens, pourra seul achever cette aventure, et fera connaître au monde comment les lions prirent en garde le cerf.

— Sire, dit Lancelot, puisque nous ne pouvons savoir quel est ce chevalier, ce serait peine perdue de vous le demander. Mais n’avez-vous point quelques nouvelles ?

Le prud’homme lui apprit qu’un enfant était né de la fille du roi Pellès le riche Pêcheur, et Lancelot pensa que ce fils devait être de lui. Ainsi causèrent-ils longtemps en mangeant du pain et buvant de l’eau, qui était tout ce que l’ermite possédait ; après quoi le chevalier et le valet se couchèrent sur l’herbe verte que leur hôte leur avait cueillie. Mais le conte laisse maintenant ce