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LE CHÂTEAU AVENTUREUX


XXXIV


Or, le conte dit que cette forêt, qu’il devait traverser pour gagner Camaaloth, était nommée Périlleuse en raison des bêtes sauvages dont elle était peuplée, et elle était aussi très épaisse et feuillue, de façon que Lancelot ne tarda pas à s’égarer. Il marchait au hasard, lorsqu’il vit accourir un valet poursuivi par un ours qui mugissait comme un diable.

— Sainte Marie ! À l’aide ! criait le valet.

Lancelot piqua des deux, la lance allongée, courut sus à l’ours qui venait à sa rencontre, la gueule bée, pour le manger, frappa la bête au côté et lui fit passer son froid acier à travers le cœur, de manière qu’elle s’abattit au milieu du chemin. Après quoi, appelant le valet, il lui demanda s’il y avait quelque lieu aux environs où l’on pût s’héberger. L’autre lui offrit de le guider vers un ermitage où il se rendait lui-même, et tous deux se mirent en route.

La lune s’était levée, luisante et belle. Et comme ils traversaient une vallée profonde, voici qu’ils virent venir, non plus un ours, mais un cerf plus blanc que fleur naissante en un pré, qui portait au cou une chaîne d’or et marchait