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LE CHÂTEAU AVENTUREUX

branche non écorcée et des étrivières de corde, tant ils avaient erré en quête de Lancelot. Et leur première question à tous, dès qu’ils mettaient pied à terre dans la cour, était pour s’informer de lui ; mais le roi leur répondait tristement qu’il ne l’avait pas encore vu.

Il fit apporter de riches robes qu’il voulait leur donner, et, parce qu’il y en avait de plus belles les unes que les autres, il les pria de désigner les meilleurs d’entre eux. Tous s’accordèrent à reconnaître qu’après Lancelot le plus vaillant était Bohor, et après lui Hector, puis Lionel, puis monseigneur Gauvain, puis Gaheriet, puis Sagremor. Le roi mit à part les robes de Lancelot et de ceux de son lignage, qui étaient absents ; après quoi les autres en reçurent d’assez magnifiques pour honorer des empereurs, car nul n’égala jamais le roi Artus en largesse.

Cependant, il s’inquiétait hautement, craignant que, le jour du tournoi, ses chevaliers ne fussent déconfits, faute du secours de Lancelot.

— Que dites-vous, sire ! s’écria Agravain. Par Dieu ! il y a céans assez de bons jouteurs pour que la Table ronde ne soit pas vaincue, dût Lancelot lui-même se ranger contre elle.

— Agravain, Agravain, dit la reine, ne comparez pas Lancelot aux autres chevaliers : s’il