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SURPRISE DES BRETONS

armé et avait fait coucher de même ses frères et les siens. Mais Bohor, Lionel, Aguisant, le Laid Hardi, Brandelis, Breoberis et beaucoup d’autres jeunes hommes dormaient tout dévêtus, et ainsi un grand nombre furent pris. Toutefois, quand Claudin aperçut que le roi Baudemagu et ses chevaliers commençaient à sortir du château et que beaucoup de ceux de Bretagne étaient enfin armés, il se mit en retraite après avoir placé ses prisonniers en tête, faisant lui-même l’arrière-garde avec ceux de son lignage et revenant sur ses poursuivants comme le sanglier sur les chiens. Messire Gauvain, ses frères, le roi Ydier, Keu le sénéchal lui firent la chasse tant qu’ils purent ; mais, lorsque la lune se fut couchée et le ciel tant obscurci qu’ils ne se reconnaissaient plus les uns les autres, il leur fallut bien s’arrêter. Et comme ils revenaient, ils entendirent les grands cris et les pleurs que faisaient ceux des tentes à cause de leurs parents qui gisaient : car il y avait bien quarante tués, davantage de blessés, et quinze chevaliers prisonniers, dont Brandelis, et trente sergents.

Au matin, les barons résolurent de rester à Pinegon un jour et une nuit pour faire droit aux morts, et pour panser et soigner leurs blessés le mieux possible. Mais, le jour suivant, l’armée se mit en marche, divisée en dix échelles de cent hommes, tant chevaliers que sergents.