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LE CHÂTEAU AVENTUREUX

inexpugnable et qu’on avait laissé sans garnison. Et, lorsqu’ils entendirent crier derrière eux : « Trahison ! », ceux du château se fussent rendus volontiers ; néanmoins, les chevaliers de Gorre en firent un tel massacre, qu’il n’en échappa guère de vivants.

Le roi Claudas eut grand deuil de cette nouvelle. Sur le conseil de Xerxès, son sénéchal, il donna cinquante chevaliers à son fils Claudin, et, la nuit venue, celui-ci se mit en route par des chemins qu’il connaissait, menant sa compagnie renforcée d’une troupe de jeunes gens, nouveaux adoubés, légers bacheliers, qui avaient grand désir de combattre et qui partirent sans le congé de Claudas.

Or le roi Baudemagu avait fait coucher sa gent dedans le château ; mais tout le reste de l’armée avait dressé ses tentes et ses pavillons dans la plaine, et, si Keu avait été chargé de faire le guet du côté de l’ennemi, l’autre ligne n’était point gardée. Claudin, qui savait cela, divisa ses forces en deux parts. Avec la première, il laissa courre sur Keu, lequel tint si bien la mêlée avec les siens, que ceux de Logres n’eussent guère perdu ; mais, dans le même temps, l’autre corps des gens de Claudin chargeait à revers, coupant les cordes des tentes, criant : « Trahis ! trahis ! » et tuant tout.

Grâces à Dieu, messire Gauvain, sage et éprouvé comme il était, s’était couché tout