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LES CHEVALIERS DIABLES

bouche riante, les jambes fortes et longues pour bien seoir sur un destrier ; large d’épaules, étroit de ceinture, c’était un des plus beaux valets qui se soient jamais vus. Chaque matin, vêtu à la mode de Galles d’une chemise et de braies de chanvre d’un seul tenant, couvert de sa cotte en cuir de cerf, il enfourchait son petit cheval de chasse et, ses trois javelots à la main, il s’en allait au bois.

— Beau fils, lui dit un jour sa mère, chassez tant qu’il vous plaira les chevreuils et les cerfs ; mais il y a une chose que je vous défends : si vous rencontrez dans la forêt des gens qui chevauchent à grand fracas, paraissant tout couverts de fer, ne restez pas auprès d’eux, car ce sont diables qui vous dévoreraient tôt. Éloignez-vous aussi vite que vous pourrez, signez-vous et dites votre Credo : de la sorte, vous ne risquerez rien.

— Dame, ainsi ferai-je, répondit Perceval.


XLIV


C’était au joli temps que les arbres fleurissent et que les prés verdissent, que les oiseaux chantent doucement en leur latin, et que toute chose flambe de joie. Ce matin-là, en entrant dans la