Page:Boulenger - Romans de la table ronde III, 1922.djvu/245

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
239
KEU ET LE VALET SAUVAGE

fait jaillir la cervelle et le sang, en sorte que le chevalier tombe mort. Ce que voyant, Perceval saute joyeusement de son roussin gallois, et, sans s’occuper de la pucelle, il s’empare de la lance du mort, lui ôte l’écu ; toutefois, il ne sait comment lui délacer son heaume, encore moins lui enlever son haubert. Pensant réussir, il prend l’épée par le fourreau, tire tant qu’il peut…

Mais le conte devise maintenant de la demoiselle en guenilles.


LI


En voyant tomber son ami, elle s’était enfuie vers la cité et le palais aussi vite que son palefroi minable pouvait aller. Et lorsqu’ils la virent entrer dans la salle, couverte de ses loques, le roi et ses barons furent tout ébahis. Mais elle leur conta ce qui lui était advenu : comment le Gallois lui avait pris un baiser et ravi son anneau, puis comment il avait occis son ami ; et tous, à entendre la demoiselle, admirèrent qu’il fût si vaillant ; et Keu le sénéchal dit qu’il voulait aller voir ce qu’il advenait du valet sauvage.

Quand il arriva, Perceval venait d’allumer un grand feu où il se préparait à jeter le corps de l’Orgueilleux.